Prof. Jassem AJAKA
Physicist and Economist

L’économie libanaise, à l’abri de la conjoncture saoudienne ?

Pour de nombreux observateurs, l’impact du net resserrement budgétaire entamé par Riyad et de l’aggravation des tensions diplomatiques avec l’Iran devrait rester mesuré.

 

Confrontés à une croissance toujours plus malmenée par les retombées de la crise syrienne, les agents économiques lorgnent désormais sur l’évolution de la situation à Riyad. Longtemps protégée par le confortable matelas financier généré par sa manne pétrolière, l’économie saoudienne doit en effet composer avec les conséquences de la stratégie pétrolière de Riyad sur son modèle économique, et notamment ses finances publiques. Les cours du brut continuent d’osciller aux alentours des 30 dollars le baril, affichant une baisse de plus de 17

Les liens étroits qu’entretient le Liban avec l’Arabie saoudite sur le plan économique exposent Beyrouth aux répercussions de ces turbulences. Avec des exportations estimées à 325 millions de dollars sur les onze premiers mois de 2015, selon les douanes libanaises, l’Arabie saoudite reste la première destination des produits libanais.

Remises

Principale source d’inquiétude, la baisse prolongée des cours du brut, qui a fait exploser les déficits des pays membres de l’Opep. « Le royaume wahhabite a été particulièrement affecté par la baisse des cours et accuse un déficit de près de 98 milliards de dollars en 2015. Ce dernier doit même atteindre 87 milliards de dollars dans le budget 2016 », rappelle Jassem Ajaka, conseiller économique au ministère de l’Économie et du Commerce. Selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI) publié en septembre dernier, l’Arabie saoudite pourrait même épuiser ses réserves financières en moins de 5 ans. « Face à cette situation, les autorités du royaume ont décidé d’augmenter le prix de l’essence de 50

Or, si d’un côté le Liban profite bien de la répercussion de la chute des cours du brut sur ses importations, ces mesures devraient sans doute affecter le pouvoir d’achat des Libanais résidant en Arabie saoudite. Le royaume wahhabite accueille près des deux tiers du demi-million d’expatriés libanais environ qui travaillent dans les pays du Golfe.

L’impact des meures sur le montant des transferts de la diaspora vers le Liban – qui se sont élevés à 4,5 milliards de dollars en 2015 selon le FMI – reste toutefois encore difficile à mesurer. Si M. Ajaka table sur une baisse inférieure à 10

L’emploi des expatriés épargné

L’autre crainte majeure des expatriés concerne la survie de leurs emplois en Arabie saoudite, qui peuvent aussi bien pâtir du resserrement de la politique budgétaire saoudienne que des tensions entre le royaume et l’Iran. Sur ce point, les observateurs interrogés par L’Orient-Le Jour restent prudents. « Le pire qui puisse arriver, c’est que les sociétés dans les pays du Golfe commencent à licencier des Libanais pour des raisons liées à ces tensions », considère le président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth, Mohammad Choucair. « Le risque existe, mais il est encore trop tôt pour se prononcer », estime Jacques Sarraf, le président de l’Union méditerranéenne des confédérations d’entreprises.

Mais pour le président de l’amicale des anciens de Harvard Business School, Habib Zoghbi, la perspective d’un scénario catastrophe peut être écartée à moyen terme. « L’emploi a progressé de 3,2

Reste que de nombreux hommes d’affaires libanais sont dans l’expectative. « Qu’il s’agisse des conséquences de la baisse du pétrole ou de la situation politico-sécuritaire dans le Golfe et au Moyen-Orient, les entrepreneurs élaborent leurs stratégies à très court terme », conclut M. Sarraf.

Source OLJ

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